mardi 12 janvier 2016

Le groupe Ketama

Bonjour à tous et à toutes ! Aujourd'hui moi Tariq Ramadan vais vous présenter un groupe de musique que j'apprécie beaucoup et qui est peu connu dans l'Hexagone : il s'agit de Ketama dont le style musical est du flamenco-fusion.


Contexte et formation du groupe

C'est au début des années 80 que se forme le groupe espagnol Ketama. A cette époque, le style musical omniprésent en Espagne est ce que l'on appelle la Movida madrileña , dans un contexte marqué par l'envie de liberté et l'élimination de la censure. En effet le pays sortant de près de 40 années d'un régime de dictature, les espagnols souhaitent donc exprimer cette "renaissance", voire rompre avec le traditionnel via notamment la musique. C'est donc le cas du flamenco qui s'ouvre alors à davantage de sonorités et de rythmes. L'album "la leyenda del tiempo" sorti en 1979 et fruit de la collaboration entre les deux chanteurs Camarón de la Isla et Paco de Lucía est à l'époque un précurseur de cette vague.

Et en parlant de chanteurs, ce sont les trois artistes José Sorderita Soto, Ray Heredia et Juan El Camborio Carmona Amaya qui formeront le groupe Ketama au début des années 80.
Juan El Camborio, originaire de Grenade et José Sorderita Soto originaire de Xérès ont tous deux des ancètres de familles gitanes, ce qui les lie, même indirectement, au flamenco. Le madrilène Ray Heredia va se joindre à eux en tant que choriste et le trio formera alors le groupe Ketama, en référence à une vallée du Maroc qui fera l'objet d'un prochain article.

Ray Heredia, ancien choriste du groupe Ketama

Débuts et bouleversements

Leurs premiers travaux "Ketama" débutent en 1983 et sont édités deux ans plus tard, les propulsant au rang de "Nouveaux Flamencos", une première parmi les musiques d'origine ibéro-américaines. Ils collaborent avec d'autres artistes reconnus comme Pepe Habichuela (père d'un des fondateurs de Ketama, José Soderita Soto), Carles Benavent et Teo Cardalda ce qui leur permet de toucher un public plus large. Toutefois, des conflits internes au groupe mènent le choriste Ray Heredia à quitter Ketama pour entamer une carrière solo qui durera peu et ne verra la publication que d'un seul disque.

Suite au départ de Ray, deux nouveaux membres intègrent le groupe en 1987 : Antonio Carmona en tant que nouveau choriste accompagné de Josemi Carmona, guitariste. Le groupe publie ensuite son second disque "La pipa de kif". Mais là encore un nouveau changement bouleverse la vie du groupe : le départ de José Sordo Sorderita qui souhaite davantage s'orienter vers une carrière solo.

Grands succès

1988 voit apparaître "Songhai", collaboration entre flamenco et kora (instrument à cordes) africaine avec le musicien Toumani Diabaté, ce qui vaudra au groupe de nombreuses éloges notamment de la part du Times, du International Herlad Tribune, du magazine New Musical Express récompensant Ketama pour son Meilleur Disque Etranger de l'Année.

Deux ans plus tard, un nouvel album ("Y es ke me han kambiao los tempos") signe la fusion musicale du groupe entre rumba et salsa. Cet album est auto-produit car seul un titre est signé Ketama, les autres morceaux l'étant par chacun des membres du groupe (parfois en duo). Ce second opus devient un tel succès que le groupe est amené à faire la première partie de Prince au cours de sa tournée en Espagne.

En 1992, le groupe réalise un disque hommage à l'ancien choriste Ray Heredia décédé quelques mois plus tôt avec "Pa'gente con alma". Pour cet opus, Ketama collabore avec plusieurs autres artistes comme Michel Camilo ou José el Francés. Un an plus tard, le groupe retourne musicalement à ses sources avec "El arte de lo invisible" puis en 1994 avec "Songhai 2".
Le plus grand succès du groupe verra le jour en 1995 avec l'album "De aki a Ketama", vendu à plus d'un million d'exemplaires et récompensé à plusieurs reprises : 2 prix Ondas (meilleur album et meilleur groupe espagnol) et meilleure chanson de l'année 1996 avec "No estamos lokos". Ce disque est lui aussi le fruit d'une collaboration entre Ketama et d'autres artistes comme Antonio Canales, Amara Carmona ou encore Antonio Flores.



S'en suivent plusieurs autres albums rencontrant eux aussi un certain succès : "Konfusión" en 1997 mélange flamenco et musiques du monde, et reçoit là aussi le prix Ondas du meilleur album. "Sabor Ketama" arrive un an plus tard et regroupe les grands titres du groupe (17 thèmes de 1990 à 1997 dont plusieurs grandes collaborations musicales).
En 1999 arrive "Toma Ketama !" sous des influences pop, blues, latino et comprenant une collaboration avec Jorge Drexler. Le groupe retravaille d'ailleurs trois plus tard avec ce dernier pour son album suivant "Dame la mano", aux influences house et hip-hop.

Déclin et séparation

Le dernier opus de Ketama sera "20 pa' Ketama", avant que le groupe ne se sépare l'année de son vingtième anniversaire, en 2004. Ce dernier disque est considéré comme un résumé discographique auquel s'ajoutent quelques collaborations avec d'autres artistes tels que Rubén Rada, Ivete Sangalo, Diego Torres, Antonio Flores ou Antonio Vega.

Moi, Tariq Ramadan, et le groupe Ketama

Mes deux albums préférés sont, personnellement, "El arte de lo invisible" et "Konfusión", même si je dois reconnaître que "De aki a Ketama" a largement mérité ses récompenses. Je regrette cependant de n'avoir découvert le groupe que tardivement (il y a 5 ans environ), ce qui ne m'aura pas laissé l'occasion d'aller les voir en concert...heureusement il est possible de voir quelques unes de leurs performances sur scène via Internet.
Tariq Ramadan

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